mercredi 30 juillet 2008

Sentier du Fjord

Jour un

Fin de la première journée. En tout, presque dix-huit kilomètres parcourus, malgré les seize annoncés. Un petit demi-tour pour récupérer mon appareil photo à rallongé ma route...

J'ai eu droit à tout dans cette première partie. La randonnée commence dans le village (très) fantôme de Baie Ste-Marguerite. La vie des gens du village à tourné, de 1840 à 1922 autour de l’exploitation forestière et de l’agriculture. Il paraît même que le Prince de Galles y a fait une visite en 1860 après avoir été secouru suite à l'échouage de son bateau de pêche. Imaginez donc les saumons qui devaient s’y prendre pour justifier le voyage…

Juste après Bay Mill, un sentier tout ce qu’il y a de plus familial nous amène à une promenade permettant l'observation des Bélugas. Il parait que c’est l’un des meilleurs endroits pour s'y adonner. Les vents forts m’empêcheront de pouvoir distinguer la petite baleine blanche des moutons, bien présents sur le Fjord. Pour être bien franc, j’aurais pu être plus patient mais là n'était pas le but premier de ma balade.

Tel l’avertissement du sympathique garde du parc rencontré au départ, au kilomètre trois, ça monte ! Des traces d’orignaux partout. La forêt est très humide, signe des orages de la veille. Mais la température est agréable, ensoleillée et fraîche. Rendu au sommet, la vue est splendide. Pour la première fois, j’aperçois le Fjord, sous un beau ciel bleu. Je m’assois, enlève mes bottes et grignote un peu. J’ai un dixième du parcours déjà derrière.

Je marche sur des rochers, dans des forêts de pins. Des lignes de transmission viennent balafrer le paysage. Trois kilomètres plus loin, elles sont déjà derrière. Je croise plusieurs ruisseaux. Au prochain, je me rafraîchirai les pieds pendant que bouilliront mes nouilles instantanées.

Ça sent bon, j’ai vraiment faim. Je m’assèche, repacte et reprends la route.

Il commence à faire chaud et j’ai mes premières douleurs aux pieds, mais ça va bon train. Déjà j’aperçois des chalets au loin, c’est l’Anse-de-Roche. Je pique une petite sieste sur une grosse pierre. Je n’y resterai pas longtemps, trop de fourmis.

Le dernier cinq kilomètres est, contrairement à ce que j’aurais pu penser, assez ardu mais j’approche de mon point d’arrivée. Des panneaux d’interprétation m’indiquent que je ne doit plus être bien loin de la Ferme. Deux chiens m’accueillent d’abord puis deux dames, avec le sourire. Je camperai à l’Anse-à-Pierrot. Après avoir brièvement discuté du coin avec le propriétaire du camping, je me couche. Il est 21h00.

Jour deux

À 4h00 du matin, j'entends respirer près de la tente. Ça ne bouge pas trop mais il n'y a pas de doute, ça respire. Ce n'est pas le gros chien de garde qui m'a accueilli hier, il n'aimait vraisemblablement pas la compagnie. Je me rendors. Deux heures plus tard, un petit coup d'œil pour voir ce qui se passe à l'extérieur, mon ami est toujours là. Le gentil toutou venu de je ne sais où n'attendait que je me lève pour s'amuser à courir partout sur le terrain vague faisant office de camping.

Le proprio m'avait invité à prendre un café à l'intérieur. Les rideaux sont fermés et le gros chien de garde est devant la porte. Je passerai mon tour.

Les paysages sont particulièrement impressionnants sur la première section du sentier. Mes pieds vont bien mais les douleurs s'intensifient dans les genoux. La végétation est impressionnante : une forêt de pins dont quelque uns que je ne pourrais entourer de seuls mes deux bras. Une autre de mélèzes.

Après une rude descente vers la rive du fjord j'arrive à l'Anse-à-Passe-Pierre. Il était temps. Sur une pointe d'environ deux-cent mètres s'avançant dans le fjord, j'aperçois ce qui semble être une tente. Je m'avance, arrive au bout, et puis plus rien. J'avais pourtant cru voir quelque chose. Le vent souffle avec une force démente. Mes vidéos explicatives en souffriront particulièrement. Je dois m'arrêter un peu, m'asseoir, manger, boire un thé. Me reposer une petite heure. Je ne file pas trop bien.

Voulant profiter de mon arrêt au maximum, je me baigne jusqu’aux cuisses dans l'eau glaciale de la rivière. Le défi est d'y tenir plus d'une minute. C'est relevé avec brio ! Il est 2h00 et il me reste six kilomètres à parcourir. Léger découragement, mon genou gauche est en compote. Et ca monte...

Rendu au sommet, j'ai droit aux plus beaux points de vue du parcours. Arrivé au Cap-de-la-Boule, je prends l'embranchement d'une « autoroute » à piétons jusqu'au refuge. Voilà la prise d'eau. Je m'asperge le visage, les bras et puis la tête. Bonheur total.

Jour trois

Le refuge est perché bien haut sur une pointe offrant une vue sur le coin Saguenay-St-Laurent au loin sur la gauche. Le traversier effectuant la liaison Tadoussac-Baie-Ste-Catherine s'y balade avec la constance d’un pendule.

J'ai compris hier ce que m'auraient épargné les pastilles de traitement d’eau. Bouillir mes quatre litres d’eau m’a demandé passablement de temps, surtout que j’ai eu deux voyages à faire à la source située à près de cinq-cents mètres du refuge.

Je voulais me lever vers 5h00 pour arriver en avant midi à Tadoussac mais j’ai fait la grasse matinée. Le départ ne se fera qu’a 8h00, après un bon déjeuner. Plus que douze kilomètres à parcourir et c’est l'arrivée.

Je croyais bien que le refuge était au point le plus élevé de la falaise mais ça monte encore et encore. Bon matin, les jambes !

La première moitié se fait bien, le sentier est bien dégagé et il fait encore assez frais. Le point culminant de ce dernier droit est le mont Adéla-Lessard. Je fais un arrêt pour manger et boire un peu sur une passerelle enjambant l'exutoire du petit lac situé juste avant d’entreprendre la montée.

Bien qu’étant le bout de sentier le plus aménagé, le reste du sentier est fort probablement le plus désagréable à parcourir. Un manque d’entretien flagrant à fait en sorte que la majorité des passerelles en bois sont pourries et que la végétation est en train de reprendre le dessus sur le sentier.

Il est grandement temps que j’arrive, il fait affreusement chaud et j’ai mal. Le dernier droit, je l’ai fait sur trois jambes si j’inclus mes deux bâtons de marche. Mais il y a espoir, j’entends du haut de la montagne, le son des tam-tams provenant de Tadoussac. Je ne pourrais affirmer qu'il s'agisse véritablement d'une grande surprise...

La descente du mont Adéla-Lessard est, physiquement, la plus rude épreuve de toute la randonnée. Je rencontre les premiers randonneurs de tout mon périple dans les trois derniers kilomètres. Je discute avec un sympathique couple, effectuant, par cette chaleur, la rude ascension du mont. La dame a d'abord cru avoir à faire à un ours. Je la rassure, sur les quarante-cinq kilomètres derrières, seulement quelques traces et aucune observation directe. Je reçois les encouragements de circonstance et reprends mon chemin. Il ne me reste qu'un petit kilomètre et demi à peiner.

J'y suis maintenant, il y a de la vie, ça grouille de partout. J'entends la musique et les rire provenant de tous les coins. Un gars me donne un truc pour me faire reconduire jusqu'en haut de la côte en faisant du pouce. Ça ne s'avèrera pas très efficace. Hé mais Je le reconnais le gars ! C'est lui qui m'avais justement monté avec sa voiture l'an dernier. Pas de chance cette fois, il s'est déjà poussé. Je la monterai donc à pied, cette côte.

Arrivé au camping, c'est bel et bien la fin de ma balade. Pour une première longue randonnée, je ne me la suis peut-être pas donnée trop facile. Par contre, je crois bien avoir vécu l'expérience du Fjord à son maximum. J'ai adoré mon expérience et par dessus tout, je suis totalement impatient de remettre ça ailleurs très prochainement.

Peut-être même avec d'autres gens cette fois, qui sait...